Daredevil n’a pas toujours été lié à Hell’s Kitchen. Bien qu’il soit actuellement indissociable de l’univers de Daredevil, ce quartier ne sera cité dans la série qu’au # 148 (1977) comme simple endroit où il enquête. (Pour l’anecdote, le premier personnage Marvel officiellement originaire de Hell’s Kitchen est … Nick Fury .)
On remarque néanmoins que le Fogwell’s Gym, le gymnase où le père de Matt s’entrainait est situé dans le « Lower west side » de New-York.
Cette appellation, comme les autres quartiers de Manhattan, n’a rien d’officiel et ne permet pas définir géographiquement le lieu (ce qui est peut-être voulu). Il semble « Lower west side » soit l’ancien nom de Tribeca, qui est beaucoup plus bas que la zone définie pour « Hell’s Kitchen ».
Dans son premier run, Miller, qui y habite à l’époque, le cite à quelques reprises mais sans réellement l’attacher à DD. Même si visuellement, on retrouve les éléments architecturaux et urbanistiques qui le composent. A l’époque Matt habite les beaux quartiers du Lower East Side, très loin des rues de Hell’s Kitchen.
Autre élément qui relie « Hell’s Kitchen » à Daredevil : Le Madison Square Garden (qui s’y situait encore avant d’être démoli et reconstruit ailleurs) est le lieu du combat final de Battling Murdock. La boxe était le sport phare de ce lieu à cette époque.
Le Madison Square Garden – 3ème du nom
« Hell’s Kitchen » était un quartier populaire de classe laborieuse de Manhattan abritant une communauté irlandaise immigrée. Quartier pauvre à la forte criminalité, il conserva une réputation sulfureuse jusqu’au début des années 90’s où des populations aisées finissent par s’y implanter sous la pression immobilière du Midtown. Le Hell’s Kitchen actuel n’a donc vraiment plus rien d’un coupe-gorge.
Hell’s Kitchen – 1950 (gauche)
Il faudra attendre l’arc « Born Again » pour que Miller lie clairement les lieux fondateurs de Daredevil # 1 (l’appartement de son père & le fogwell’s gym) à Hell’s Kitchen (Daredevil #229/230).
Mais c’est Ann Nocenti qui définira Daredevil comme le « protecteur de Hell’s Kitchen » dans son long run sur le titre (DD # 236-291).
Au numéro 254 apparait un personnage sulfureux : Mary Typhoïd.
Son arrivée coïncide avec une grève des éboueurs, Hell’s Kitchen est sale, jonché de détritus. Dès les premières lignes, Nocenti associe Mary Typhoid à un poison invisible qui contamine tout ce qu’il touche. Mary possède des pouvoirs télékinétiques pyrokinésiques et télépathiques.
Elle prend le contrôle sur ses adversaires à la façon maladie infectieuse.
Mais Mary a une seconde personnalité. Depuis son enfance, Mary Walker est malade, anémique mais au caractère doux et calme. A l’adolescence, ses pouvoirs de mutante sont apparus et avec eux une nouvelle personnalité : Mary Typhoid : agressive, manipulatrice mais qui est la seule à posséder des pouvoirs.
A l’issue d’une longue convalescence et thérapie, Mary Walker guérit mais n’a pas conscience de son autre personnalité.
Le Kingpin se servira de Mary pour tenter de détruire Matt Murdock. La douce Mary le séduira dans sa vie civile tandis que Typhoïd combattra sans relâche Daredevil.
Mais le nom de « Mary Typhoïd », Typhoid Mary en anglais, est une référence qui a sans doute échappé à de nombreux lecteurs français à l’époque.
En effet, Mary Typhoïd a réellement existé. De son vrai nom, Mary Mallon, elle était cuisinière pour des familles aisées de New York et de ses environs à partir de 1901. Elle habita de nombreuses années à Hell’s Kitchen.
Mary Mallon était sans le savoir une porteuse saine de la fièvre typhoïde. C’est le premier cas identifié par la médecine. Elle était infectée par la bactérie mais sans connaitre les symptômes de la maladie. A chaque fois qu’elle passait dans un foyer, les membres de la famille tombaient malades et parfois mourraient. On estime qu’elle a contaminé plus de 50 personnes dont 3 sont mortes des suites de la maladie.
Les autorités sanitaires finirent par faire le lien entre ces infections et Mary. Mais cette dernière nia en bloc. Elle refusa de se croire malade ou responsable cette épidémie. Mise en quarantaine pendant 3 ans, elle fut libérée à la condition qu’elle s’exerça plus le métier de cuisinière.
Mary accepta mais repris rapidement son ancienne activité en cuisine sous le nom de Mary Brown. Des nouvelles épidémies s’en suivirent. Elle travailla notamment dans un hôpital pour femmes où elle contamina plusieurs cuisiniers. Les autorités la retrouvèrent pour la mettre de nouveau en quarantaine sur l’ile de North Brother Island où elle passa le reste de ses jours jusqu’en 1938.
Sa légende est autant due au nombre de morts qu’elle causa, qu’au déni de sa responsabilité. Aujourd’hui, Typhoid Mary est devenue une expression qui désigne une personne à la source de calamités.
Dan Slott dans son run sur Avengers Academy, fait un clin d’œil à l’origine de Mary Typhoïd on lui donnant l’identité secrète de « Mutant Zero » faisant écho au terme de patient zéro : personne à l’origine d’une épidémie. (Avengers Academy #4 – 2007)
Sim Theury