EcoloGeek#69-2 – Namor The Sub-Mariner

Il s’est écoulé 7 ans depuis le dernier numéro du Sub-Mariner. A l’aube du Silver Age, son retour s’opère par la grande porte. Namor bénéficie d’une mise en lumière importante. Mieux que ça, les atteintes à l’environnement et la prise de conscience écologique donnent une résonance nouvelle aux outrages que son peuple subit depuis 1930. De surcroit, les mouvements de décolonisation et l’apparition de nouveaux états souverains déteignent sur les revendications du royaume sous-marin du Sub-Mariner.

Fantastique retour

En 1961, Atlas n’est pas vraiment en forme. Le futur Marvel Comics ne produit qu’à peine vingt titres représentant dix parutions mensuelles. Les super-héros ont complément disparu du catalogue qui se compose principalement de comics de romance et dans une moindre mesure de western, guerre et SF. Mais le succès de la Justice League of America chez DC pousse Martin Goodman à relancer le genre qui a fait son succès. Fin 1961, parait Fantastic Four #1 par Lee & Kirby qui connait un essor rapide.

L’équipe est composée d’un personnage qui a tout d’un reboot du Human Torch d’origine. Johnny Storm est ainsi le premier élément du passé de l’éditeur qui composera le futur Marvel Universe.

Et ce n’est pas un hasard si c’est lui qui va « retrouver » le Sub-Mariner. Dans Fantastic Four #4, agacé par le comportement de The Thing, il quitte l’équipe et trouve refuge un « Men’s hotel » dans le quartier déshérité de Bowery. Ce type d’hôtel, destiné aux travailleurs pauvres parfois immigrés ou arrivant de la campagne, accueillait des uniquement des hommes dans des conditions spartiates. Ils se divisaient en petites chambres individuelles ou des dortoirs et des salles communes.

C’est dans ce décor déprimant que Johnny tombe sur de vieux comics du Sub-Mariner. Les hommes présents affirment qu’un de leurs compagnons d’infortune serait aussi fort que ce héros oublié. Et de fait, l’homme possède une force extraordinaire. A son grand étonnement, il ressemble à deux gouttes d’eau au Prince Namor.

Pour en avoir le cœur net, Johnny le plonge dans l’océan. Heureusement pour lui, l’individu se révèle effectivement être le Sub-Mariner. Une fois dans l’eau, Namor retrouve son énergie, ses pouvoirs et sa mémoire. Il se dirige immédiatement vers son royaume. Mais une fois sur place, il découvre une cité détruite par les essais nucléaires des hommes. Si les clichés sur la radioluminescence verte ne sont pas sans fondement, les conclusions sont assez rapides. Mais bon, nous sommes dans les années 60 …

Bien décidé à faire payer les hommes de la surface d’avoir détruit son royaume et fait disparaitre son peuple, Namor réveille un monstre marin pour anéantir New-York qui subit la 4ème vengeance du Sub-Mariner.

Cependant le prince tombe sous le charme de Sue Storm, ce qui marque le début d’une idylle interminable et d’enlèvements à répétition, un leitmotiv connu chez Namor comme pour Betty Dean et Lynne Harris.

Après une première défaite, le Sub-Mariner devient un « noble ennemi » récurrent pour les FF. Dès le #6, il s’allie avec le Dr Doom pour le trahir à cause de Jane. Les chemins des suzerains ne cesseront de se croiser par la suite.

Comme une redite du Golden Age, Namor combat régulièrement le nouvel Human Torch. On remarque par contre qu’il n’est jamais fait mention de l’Human Torch originelle qui est écartée de tout come-back.

Lee et Kirby respectent globalement l’univers de Namor créé par Everett mais apportent des éléments nouveaux comme des pouvoirs liés aux animaux marins qui disparaitront dans la foulée. Mais les liens avec la faune marine connue ou inconnue et l’histoire subsisteront. Namor chevauchera des orques ou des dauphins et sera capable de communiquer avec toute le faune marine sans pour autant en être aussi proche qu’Aquaman.

Le premier annual des FF pose les fondations de l’univers moderne du Sub-Mariner.

Namor y retrouve son peuple dont la morphologie est redéfinie : les hommes comme les femmes sont proches de humains à la différence de leur peau bleue et de leurs oreilles en pointe. Même si cela ne suit pas l’histoire initiale de Bill Everett, cela permet une plus grande cohérence et crédibilité.

Les origines de Namor sont conservées telles qu’en 1939 toutefois on ne parle plus du meurtre des scaphandriers. Dorma passe de cousine à prétendante. Namora n’est pas évoquée.

Namor reprend son rôle de fils vengeur mais on lui découvre le titre de Prince d’Atlantis. Désormais, les sub-Mariners deviennent des Atlantéens. La cité d’Atlantis n’est plus un glacier creusé en Antarctique, c’est une cité aux influences gréco-romaines futuristes qui n’a rien à envier à Asgard.

Dans ce numéro, le Sub-Mariner envahit New-York avec ses armées mais est défait par Mister Fantastic. De plus, Namor abandonne son combat pour sauver Sue ce qui lui vaut d’être quitté par son peuple.

Dans X- Men #7, le Professeur X pense possible que Namor soit un mutant mais avant qu’il n’ait pu le contacter pour lui proposer de rejoindre ses X-Men, Magneto le devance.

Le Prince des Mers finira par rompre cette alliance en pleine bataille devant le comportement déplacé dont Magneto fait preuve vis à vis de la sorcière rouge. Comme pour Dr Doom, Magneto sera un allié d’occasion face aux humains.

Fantastic Four #9 voit un changement de tactique pour Namor qui rachète une compagnie de cinéma grâce aux richesses récupérées depuis des siècles par son peuple lors des naufrages. Ce pitch « riche homme d’affaires » servira pour le relaunch que le scénariste/dessinateur John Byrne opérera en 1990.

Il se passe 6 mois avant qu’il ne réapparaisse pour faire équipe avec un autre anti-héro : Hulk avec lequel il affronte les Avengers à peine formés (Avengers #3). Mais si le combat se termine encore sur un nul, Namor va être à l’origine d’un come-back capital : celui de Captain America. Lui-même ayant été « ramené » par Human Torch, le sort de Big Three est bouclé.

Malgré la conclusion de FF annual #1, on retrouve Namor à la tête de son peuple contre Attuma et aidé secrètement par les FF (Fantastic Four #33). Il tente un procès à l’humanité pour que les Atlantes puissent revenir vivre à la surface. Bien que cela n’ait jamais été une revendication de son peuple jusqu’à présent, ce motif incongru offre néanmoins une bataille des plus mémorables avec Daredevil (DD #7).

Dans Avengers #16, on lui propose même de devenir membre de la nouvelle mouture de l’équipe : Namor retrouve son statut de héros. Marvel prépare la nouvelle série qui démarre dans Tales to Astonish par Lee & Gene Colan.

Retour au premier plan

Après une reprise presque 100% sous la houlette de Lee & Kirby, Namor the Submariner revient dans le comics Tales to Astonish #70 en 1965. Il remplace Ant-Man et the Wasp et partage les pages avec Hulk. Preuve supplémentaire de sa popularité, il fait partie des héros de Marvel qui auront droit à leur propre cartoon en 1967.

Poséidon /Neptune fait sa première apparition et ordonne à Namor de récupérer son trident. Cette arme et symbole de pouvoir deviendra rapidement indissociable du Prince des mers.

Par le fait, Namor est triplement légitimé à exercer le pouvoir : par le sang, par le peuple et par son Dieu. Il se dégage un mélange de soap et de chevaleresque Arthurien durant cette période où se croisent monstres mythologiques et fantastiques, sage conseiller (Vashti), intrigues amoureuses manœuvres de pouvoirs (Krang, Byrrah ..).

Namor hérite d’un nouveau titre/cri de guerre : Imperius Rex. Traduit en latin (Roi de l’Empire), cela aurait peu de sens mais Lee joue avec la similarité de l’anglais « imperious » pour faire passer l’idée de puissance, de supériorité et d’urgence pour coller au caractère de Namor.

Colan cède la place pour quelques numéros à Bill Everett au #87. Après 12 ans, Bill reprend le destin graphique de sa création. Malheureusement il est dans une mauvaise passe. Son alcoolisme a repris le dessus. Cela lui a déjà valu son retour chez Marvel en 1964 après le fiasco de Daredevil #1 livré avec 7 mois de retard.

Son style daté n’est pas à la hauteur de ses travaux passés et il sera rapidement remplacé par John Buscema. Roy Thomas succède à Stan Lee au #93.

Entre batailles contre la surface, méprises et soulèvements internes à Atlantis, Namor combat des vilains plus ou moins inspirés et subit régulièrementdes controles mentaux notamment par le Puppet Master. Ces manipulations permettent des confrontations que son statut de héros ne lui permettrait plus.

Thomas réintroduit l’ancienne Atlantis en Antarctique où se situe la tombe de Fen, sa mère. Il en profite pour faire un lien avec la Terre sauvage nouvellement apparue dans l’Antarctique du Marvel Universe.

On prête de plus en plus à Namor la capacité de communiquer avec la vie marine toutefois les auteurs commencent surtout à le lier à des thématiques écologiques plus larges. Dans le #77, son royaume est menacé par des forages scientifiques qui causent des tremblements de terre.

Il est confronté à la pollution engendrée par des déchets radioactifs largués en mer (Tales to Astonish #92), pratique courante depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Même si la réaction de l’imperious rex est de rejeter les déchets dans une crevasse plus profonde en réveillant un monstre, cela reste l’un des comics le plus ancien traitant d’écologie (june 1967).

D’autant plus remarquable que le #95 poursuit la thématique en évoquant les problèmes de surpopulation et de pénuries. Namor fait la connaissance de Walter Newell, futur Stingray, qui conçoit des bases sous-marines pour répondre aux besoins croissants de l’humanité. Bien que méfiant, Namor tolère cette colonisation. A terme, Newell servira plus ou moins d’ambassadeur humain et d’ami pour Namor.

Ces cités sous-marines rappellent une histoire du golden age où une civilisation celtique basée à Stonehedge vit également sous l’eau.

Sub-Mariner Comics#3 – 1941

En 1971, le téléfilm « City beneath the sea  » imagine aussi une cité sous l’eau en 2068 menacée par un projet de forage. La cité est protégé par un humain capable de respirer sous l’eau grâce à des branchies greffées.

L’homme de l’Atlantide en 1977 reprend certains de ces élements mais devra s’arrêter pour cause de couts de production trop importants. C’est sans doute ce qui a du freiner l’émergence d’une série TV Sub-Mariner pourtant annoncée en 1978. Namor devra attendra longtemps pour arriver sur les écrans.

L’idée est néanmoins dans l’air du temps car des projets de villes marines flottantes sont envisagées dès 1968 sans jamais voir le jour.

Solo

Le personnage confirme son succès puisqu’il bénéficie de son propre titre en 1968.

Thomas explique la disparition du Sub-Mariner durant ses 7 années d’absence par un vilain nommé Destiny qui a lavé le cerveau du prince atlante. La galerie de vilains s’étoffe avec un biologiste fou ; le Dr Dorcas, sa création : Tiger Shark et Orca. Betty Dean fait son retour après 17 ans d’absence.

La série joue sur les mêmes ficelles que les épisodes de Tales to Astonish en enrichissant l’univers de Namor : Couronne du Serpent d’inspiration Howardienne, la cité atlante de Lemuria, des extraterrestres aquatiques, l’idée d’utiliser les trésors des épaves est reprise par ses ennemis …

Entre deux attaques contre la surface et des coups d’état à Atlantis, Namor se démarque encore sur la problématique environnementale.

En 1970, la thématique est en plein boom notamment avec le succès du 1er Earth Day de 1969.

Sub-Mariner # 25 (May 1970) voit Namor confronté à une pollution de grande ampleur. Son peuple est empoisonné par des déchets chimiques jetés à mer. Contrairement à la dernière fois (TTA#92), Namor contre-attaque en interdisant l’accès des navires à son royaume en les arraisonnant ou en les coulant.

Il se rend au siège des Nations Unis pour s’expliquer et lancer un ultimatum : que les hommes cessent leur pollution maritime ou ce sera la guerre. Mais lorsqu’il trouve des soldats sur le chemin du retour, il lance un missile contre l’ONU.

Sans doute le premier acte d’éco-terrorisme en comics [EcoloGeek#55]. Le bâtiment n’échappe à la destruction que par la présence de la sœur de Tiger Shark qui l’a aidé par le passé. Mais par cette reculade, il provoque encore la grogne de son peuple.

Un épisode visionnaire puisque la conférence de l’ONU sur l’environnement à Stockholm ne se tiendra que 2 ans plus tard.

Le même mois dans Iron-Man #25, il projette de détruire une centrale solaire polluante située sur une ile, financée par Stark International. [EcoloGeek#27]

Ainsi pour les années suivantes, l’impact de la pollution marine sera le nouveau leitmotiv de Namor, remplaçant les destructions accidentelles d’Atlantis : une évolution somme toute assez logique. La série est présentée comme le pendant de Green Lantern/Green Arrow chez DC dans les interviews de l’époque.

Dans le #28 Namor vient en aide à des opposants à l’implantation d’une usine polluante.

Combattant encore une nouvelle technologie nocive, il finit par être vu comme le 1er héros de la défense de l’environnement et devient une star parmi les écologistes. (Sub-Mariner #30).

Paradoxalement c’est le moment où la thématique verte se met en pause pour le héros à l’exception d’une autre allusion à des déchets radioactifs engloutis (#43)

Dans une histoire qui préfigure l’équipe des Defenders, Namor s’oppose aux Nations Unies qui refusent que ses scientifiques Atlantes visitent une installation censée controler le climat. Mandatés par l’ONU, les Avengers interviennent pour la protéger. Néanmoins pour éviter que le conlit dégénère, les dirigeants de l’instance internationale acceptent de revoir leur projet qui tombe dans les limbes.

Entre destructions d’Atlantis ou attaques de la surface, Namor annonce son mariage avec Dorma à l’ONU. Les Nations Unis reviennent d’ailleurs beaucoup au fil des numéros et deviennent les interlocuteurs de Namor avec la surface. C’est d’ailleurs à la même époque que les pays émergents donnent de la voix aux Nations Unies et comptent bien peser dans la geopolitique et l’économie mondiale.

Mais Dorma meurt à cause de Lyrra ce qui pousse le Prince à quitter son titre et son royaume. Il retrouve son père pour mieux le perdre et se retrouve encore une fois amnésique.

Le retour surprise de Bill Everett au #50 casse un peu la routine du titre. Physiquement et artistiquement Everett est en bien meilleure forme que lors de son dernier passage. Ayant rejoint les alcooliques anonymes, il a mis un terme à son addiction qu’il traine depuis l’adolescence.

Ses planches retrouvent leur dynamisme d’antan tout en collant d’avantage aux standards du moment. Chose rare pour cette époque, il reprend également le scénario de son personnage, un privilège accordé à des piliers comme Kirby sur Captain America.

Everett introduit le personnage de Namorita, fille de Namora dont on apprend le décès. Élevée en secret par Byrrah et Lyrra, elle finit par faire équipe avec Namor.

Everett relance aussi la veine écologiste du titre. Au #51, Namor combat des aliens qui cherchent à asservir la planète en volant toutes les réserves de pétrole y compris celles inexploitées de l’Antarctique.

Dans les épisodes #52/53, il combat Sunfire. Lui faire combattre un japonais est un peu casse-gueule après des dizaines d’histoires racistes durant la seconde guerre mondiale. La guerre du Vietnam sert de toile de fond à cette confrontation. Le Japon opposé à ce conflit permet l’intervention du mutant Sunfire berné par un leader plus radical. Ce dernier fait sauter un navire rempli de défoliant à destination du Vietnam. Prenant conscience des conséquences, Sunfire aide Namor à les détruire avant qu’ils annihilent toute vie marine.

Recueillie par Betty Dean, Namorita vit une vie d’adolescente classique et devient une militante écologiste. Sa prof se révèle être la déesse Venus qu’Everett avait déjà dessiné par le passé. Namor est témoin de son combat contre Arès dans une symbolique anti-militariste. (SM#57)

Ce numéro sera le dernier entièrement réalisé par Everett. Son état de santé déclinant ne lui permettra plus d’assurer un rythme mensuel. Steve Gerber assure le scénario progressivement et des encreurs puis des dessinateurs viennent en soutien. On ajoute même des back-up très réussies par Gerber & Chaykin sur le passé d’Atlantis.

Les scénarii prennent également un tournant plus social. Dans l’épisode 52, un vaisseau extra-terrestre s’écrase près d’Atlantis avec à son bord les derniers survivants d’une planète mourante. S’assurant que leurs intentions sont pacifiques, ils les enjoints à se rendre à Atlantis où ils trouveront asile. Mais les soldats Atlantes se méfient et les massacrent, exterminant ainsi toute une race et une civilisation. Les Altantes reproduisent le même sort qu’on leur a fait subir depuis des décennies.

Une seule femme survivra, Tamara, qui deviendra une citoyenne d’Atlantis et une alliée.

Devant un tel acte, Namor accepte de reprendre son rôle de Prince pour remettre de l’ordre dans son ancien royaume.

A la fin de run d’Everett, Namor affronte (encore) un biologiste marin qui pense que l’avenir de l’Humanité est sous l’eau face aux enjeux de pollution et de surpopulation. Il kidnappe les passagers d’un avion et les transforme en êtres amphibies. Betty Dean fait partie des passagers. Après la défaite du Dr Hydro, les humains sont parqués dans des camps de fortune par les Atlantes réticents à les intégrer à leur royaume. Les victimes d’hier deviennent des bourreaux. Se souvenant des camps de concentrations, Namor exhorte son intendant à les accueillir et à en faire des citoyens à part entière.

Bill signe son dernier récit pour le #63, 35 ans après son apparition dans Marvel Funnies Pictures Weekly : un lien long et rare entre un créateur et son personnage dans le comics mainstream.

Bill Everett meurt le 27 février 1973 à 55 ans.

Namor poursuit sa route mais les ventes déjà déclinantes ne s’arrangent pas. Le titre passe en bimestriel. Seul fait marquant de cette période, Namor est exposé à des gaz innervants qui l’empêchent de retenir l’humidité et de vivre à la surface. Mr Fantastic lui confectionne un costume pour retenir l’eau de son corps faisant de cette contrainte un changement de look réussi .

La série s’arrête au #72, qui est un cross-over officieux avec une intrigue non-résolue d’Aquaman sur la pollution du lac Erié. [EcoloGeek#16]

Sans série fixe

Néanmoins Namor reste un personnage trop important pour qu’il tombe dans les limbes. On voit déjà régulièrement le Sub-Mariner dans les pages des Defenders. Namor est le membre fondateur de cette non-équipe depuis 2 ans et sera présent pour une grande partie de leurs aventures.

Et il revient en force en 1975 avec deux titres :

  • Invaders qui content les aventures de Namor, Cap America et la Torche durant la seconde guerre mondiale. Roy Thomas au scénario laisse ainsi libre cours à son amour pour le Golden Age.
  • Super-Vilains Team-up : Titre qui voit Dr Doom et Namor s’allier, souvent par nécessité, tout en croisant le chemin d’autres vilains comme Magneto. Le comics permet de poursuivre et résoudre certaines intrigues en suspens depuis l’arrêt de Sub-Mariner. Le #1 permet de recycler quelques pages d’un épisode inachevé d’Everett, dernier travail inédit sur sa création.

Son alliance avec Dr Doom lui vaut une nouvelle fois la défiance des autres super-héros. Namor se recolle l’étiquette d’anti-héros en guerre avec la surface pour des raisons plus ou moins légitimes, tout en abdiquant puis reprenant son rôle de Prince d’Atlantis.

C’est dans les pages des Defenders qu’a lieu la première vraie rencontre avec Black Panther. Les héros se croisent durant le cross-over Avengers/Defenders sans qu’il y ait d’interaction. Monarques de leurs royaumes, capables de développer des technologies de pointe, protégeant leurs peuples des menaces de l’extérieur, obligés de gérer des guerres intestines … les deux protagonistes ont pourtant des points communs favorables à un rapprochement. Cependant c’est l’inverse qui se produit.

Dans Daredevil annual #4, un homme d’affaires cherche à développer une technologie pour récupérer l’énergie des vagues et des courants pour résoudre la crise énergétique. T’Challa est prêt à lui venir en aide en lui prêtant une technologie Wakandienne. De son côté, le Sub-Mariner veut stopper à tout prix ce projet qui auraient de graves conséquences sur les courants maritimes.

Autant cette idée d’utiliser l’énergie des vagues existe vraiment (bien que peu développé depuis les années 70), autant on ne connaitra jamais vraiment l’impact sur l’environnement des Atlantes.

Pour autant, le duel Namor/T’Challa n’aura pas lieu. Daredevil servira de messager entre les deux pour mettre fin à ce programme.

C’est finalement dans Defenders #84 que la confrontation intervient quand des Atlantes trop zélés en charge de la défense achètent une technologie du Wakanda à des contrebandiers du pays. L’échange a lieu sur l’ilot de Kiber sous protectorat Wakandais.

Black Panther intervient pour récupérer sa technologie et bien que Namor n’approuve pas la démarche de ses hommes, il n’a pas l’intention de lui rendre.

Il somme T’challa de partir d’Atlantis. Les Wakandais confondent le départ détonnant de Hulk de la capitale Atlante avec un missile et lance une ogive nucléaire sur la cité. T’Challa a juste le temps de prévenir Namor de la méprise pour qu’il détourne le missile sur Kiber. Un récit aux faux airs de guerre froide entre pays suzerains.

80’s : Coup de mou

Namor entre amoindri dans les 80’s. Il n’apparait plus que dans les Defenders depuis les arrêts des Invaders et de Super-Villains Team-Up. Chaque apparition est l’occasion d’ouvrir une parenthèse écologiste dans le titre qui l’accueille.

Dans Iron-Man v1#120/121, Tête de fer est dupé par la compagnie pétrolière Roxxon qui veut s’accaparer un gisement de vibranium sur une ile qui fut autrefois un dépôt de déchets radioactifs. Namor quant à lui protège son seul habitant, à qui il doit la vie.

Dans Amazing Spider-Man v1#211. Le tisseur tente de protéger une équipe scientifique qui teste une nouvelle technologie pour capter l’énergie des courants marins. (again) Mais celà menace Atlantis (again)

Comme d’hab’ : quiproquo – combat – explications – résolutions et promesses que c’est bien la dernière fois.

Le numéro suivant introduit le vilain Hydro-Man qui doit ses pouvoirs à cette technologie. Doit-on y voir un clin d’œil à la création d’Everett du Golden Age ?

Même dans ses apparitions en cartoon, Namor est aussi le défenseur « musclé » de l’environnement comme dans Spider-Man.

Byrne change un peu la routine du personnage dans Alpha Flight dans une intrigue tient beaucoup du pitch de « The Thing » : un vaisseau spaciale crashé en Antarctique, un monste Alien qui prend les formes d’êtres vivants qu’il assimile.

S’il est un peu question de pollution, Namor trouve surtout un nouvel amour en la personne de Marrina.

Puis l’anti-héros a droit une nouvelle mini-série qui sert surtout à protéger le copyright du titre et où Namor est de nouveau démis de son titre de Prince.

Libre de tout engagement, il rejoint les vengeurs qui viennent d’établir leur nouveau QG sur l’hydrobase du Dr Hydro, récupérée par Stingray depuis.

Malheureusement Marrina ne parvient plus à contrôler ses mutations. Malgré une période d’accalmie où le couple se marie, sa transformation irréversible pousse Namor à la tuer.

Désespéré, il quitte les vengeurs et presque le Marvel Universe. Les prémisses d’une disparition officielle qui interviendra dans Iron-Man annual #10 dans le cross-over « Atlantis Attacks ». Namor est ainsi donné pour mort dans une explosion. Une mort peu claire, sans panache ou impact et quasi passée sous silence.

En 1989, Namor a néanmoins droit à une mini-série de 12 numéros, « Saga of the Submariner » qui résume 50 ans d’histoire du personnage avec quelques retcons et explications complémentaires.

90’s : Byrne – Innovation et continuité

Mais ce départ par la petite porte cache simplement la relance d’une nouvelle série « Sub-Mariner » pour les cinquante ans du personnage. Byrne qui a déjà fait revenir l’Human Torch originale quelques mois plus tôt, veut s’attaquer au destin du héros aquatique. « Namor the Sub-Mariner » #1 sort en 1990 avec John Byrne au scénario et aux dessins.

Sans aucune explication, on assiste au retour de Namor pris dans une rage peu courante même pour lui. Il est pisté par un homme et sa fille, Caleb et Carrie Alexander, qui sont tous deux biologistes marins. Caleb suit la vie du Prince des Mers depuis son enfance et a théorisé que ses excès de colère et ses revirements d’humeur sont provoqués par déséquilibre d’oxygène sanguin. De par sa nature hybride, il a tantôt trop d’oxygène en restant à la surface ou en manque lorsqu’il reste trop longtemps sous l’eau.

Après une dialyse, Namor se sent comme un nouvel homme, apaisé pour la première fois de sa vie. Il profite de cette lucidité pour donner un nouveau tournant à sa vie. Profitant des richesses des navires engloutis, il entreprend de racheter d’anciennes compagnies sous le nom d’Oracle Inc (le nom du bateau de son père) pour s’en servir pour la protection de la planète.

Il embarque Namorita dans l’aventure. Byrne réussit un run où il mixe des problématiques environnementales à des menaces plus classiques tout en rendant hommage à Everett et Kirby. Il devient la cible de jumeaux millionnaires : Desmond et Phoebe Marrs qui commencent par brouiller facilement les pistes faisant porter la culpabilité de leurs actes sur la Roxxon.

Le premier projet de Namor, un sous-marin tanker censé éviter les collisions et donc les marées noires est sabotée dans l’œuf. En pleine inauguration, la couverture de Namor ne tient pas longtemps quand il est obligé de circonscrire une marée noire en feu.

Le sous-marin est la cible d’une organisation eco-terroriste qui veut faire subir à New-York l’enfer qu’elle inlige à la planète. L’idée de confronter Namor à des eco-terroristes est une inversion des roles originale qui n’aura pas de suites.

Pour l’anecdote, ces tankers sous-marins ont bien été utilisés pour transporter du pétrole de l’Arctique sans que cet usage ne se développe.

Namor combat un monstre issu des dépôts de boues de station d’épuration de NY déversées depuis des décennies dans l’Océan Atlantique. [EcoloGeek#17] Une aventure tirée de faits réels au cours de laquelle Namor perd ses ailettes comme dans les années 50.

Byrne profite de l’alignement des astres pour réunir enfin les Invaders pour la première fois dans l’ère moderne de Marvel. Parallèlement Namor est jugé innocent de ses actes contre le monde la surface grâce au témoignage du Dr Caleb. le scénariste corrige aussi l’origine de Namorita qui passe de fille de Namora à son clone.

Puis il se rend en Antarctique où Altantis a été relocalisée, puis en Terre Sauvage proche. S’il y est question de réchauffement climatique, d’exploitation du continent et de pollution, c’est surtout l’occasion de résoudre une intrigue autour du Super-Skrull et d’Iron-Fist.

Sa quête le mène à K’un Lun où on apprend qu’Iron-Fist a été remplacé par un H’ylthri, une race interdimensionnelle qui cherche à se débarrasser de l’humanité. Considérant que la race humaine est un cancer, ils projettent de diffuser une toxine pour empoisonner l’humanité entière. [EcoloGeek#48].

Ils sont éliminés par un ennemi d’Iron-Fist, Master Khan, mais pour se venger d’avoir libéré Iron-Fist de son sommeil, il efface la mémoire de Namor et l’envoie dans un endroit inconnu.

Amnésique une fois de plus, Namor erre seul pendant 6 mois pour se retrouver dans une exploitation forestière où il est accusé à tort de sabotage. Même si Byrne est toujours au scénario, le ton et le direction de la série change notamment par le style de Jae Lee. Le titre devient « The Savage Namor ».

L’écologie n’est plus qu’une vague toile de fond, l’intrigue se concentre sur des enjeux plus classiques à commencer par la défaite de Master Khan aidé par Dr Doom. Puis au départ de Byrne démarre une saga sous-marine mettant en scène le retour de la princesse Fen orchestré par la maléfique Suma-Ket par Bob Harras.

Alors que l’on s’approche du #50, le personnage est revenu à un statu-quo en oubliant beaucoup des apports de Byrne. Glenn Herdling prend les rênes du titre. On sent une approche respectueuse du personnage. Il commence son run avec une adaptation du poème « The Rime of the Ancien Mariner » (#44) de Samuel Taylor Coleridge, une des inspirations officielles du Namor. Il tente la synthèse des facettes du Prince des Mers peu aidé dans un contexte de cross-overs à rallonge comme Starblast et gimmicks scénaristiques pour gonfler les ventes.

Il évoque enfin le problème de la chasse « scientifique » à la baleine par les Japonais, excuse à une nouvelle confrontation avec Sunfire. Mais également un clin d’oeil au fondateur de Sea Sherpherd lorsqu’un des pêcheurs fait son mea culpa après avoir plonger dans le regard du cétacé.

Herdling ramène tout le cast sous-marin des dernières années : Triton, Stingray, Tamara, Andromeda, Tiger-Shark … Mais également Phoebe Marrs qui continue à gérer les affaires d’Oracle Inc et Carrie Alexander chargée de créer une base sous-marine : Hydropolis aka Aquaria (le nom de la prémière cité des Sub-Mariners en 1940), où pourront cohabiter humains et Atlantes. On note une influence de la série télévisée « Seaquest » dans cette approche.

Namor devient un quasi-membre des Fantastic Four, accompagnant l’équipe pendant près de deux ans. Reed étant présumé mort, la romance entre Sue et Namor peut s’envisager pleinement.

La dernière saga d’importance, introduit le fils de Namor et Lyrra qui se révélera être le fils du neveu de Namor, Leon McKenzie. Herdling va puiser aux sources des Sub-Mariners et de l’exploration de l’Antarctique avec l’intégration de l’expédition scientifique de l’Endurance.

La thématique écologique est oubliée et ne réapparait que par un fill-in qui évoque les forages pétroliers off-shore à la Nouvelle Orléans. (#51)

Mais la série s’enlise dans des histoires dark’n’gritty à l’urgence vaine. Elle s’arrête au #62, en plein cross-over « Atlantis Rising » où des citées Atlantes émergent à cause de Morgane La Fay causant le mort de 80% des habitants. Les villes replongeront dans les eaux à la clôture de l’événement.

Cette première moitié des 90’s a vu le retour de Namor comme un héros majeur du Marvel Universe. L’écologie d’abord au cœur des intrigues fait place à des trames plus classiques. Mais malgré les cross-overs et les featuring à gogo, Namor n’apparait plus dans d’autres titres pour y prendre le rôle de Super-Ecolo comme cela avait été le cas jusqu’à présent. La tendance est renforcée par la création des familles de titres édictées par l’editor-in-Chief qui bloque la mobilité des personnages.

Aussi ses apparitions se cantonnent plus à des titres d’anthologie.

-Marvel Comics Presents #33 (1989) – Don Mc Gregor et le jeune Jim Lee confronte Namor à une pollution assez floue bien que très bien contée.

-Marvel Comics Presents #46 (1990) – Namor sauve une baleine de chasseurs et finit même par faire changer de vocation le capitaine qui devient un eco-guide touristique pour observer les cétacés.

Cette histoire fait écho à celle du militant écologiste Paul Watson, créateur de Sea Sheperd. « (…) un cachalot harponné surgit dangereusement au-dessus de l’embarcation de Paul. Dans son œil, Paul discerna de la compréhension. Il sentit que l’animal savait pourquoi il était là et ce qu’il essayait de faire. Il vit cet énorme animal se dégager du Zodiac, glisser dans l’eau et mourir. Cet échange de regards, pendant quelques secondes, changea la vie de Paul pour toujours. Il fit dès lors le vœu de défendre toute sa vie les créatures marines. »

-Marvel Comics Presents #73 (1991) – Beaucoup plus radical, Namor fait sombrer un chalutier de pêche industriel en laissant les marins sur les radeaux de secours.

-Marvel Comics Presents #149 (1994) – Le Prince des mers protège une équipe d’activistes écologistes qui est la cible de mercenaires payés pour couvrir les exactions d’une multinationale : encore un cas d’enfouissement sous-marins de déchets

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-Global Jeopardy (1993) Un comics caritatif du WWF où Namor partage la vedette avec Wolverine, Ka-Zar et Shanna. Une histoire assez naïve et old-School pour l’époque où nos héros combattent un collectionneur/kidnappeur d’animaux qui cherchent à les préserver sur une ile. Peter David au scénario.

-Real Heroes #4 (Pizza Hut Giveway – 1994) [qu’est-ce que je ne suis pas obligé de lire pour cette chronique]

Comics offert par Pizza-Hut qui malgré des dessins pénibles offre une histoire assez riche où se mêle marée noire, incident nucléaire et braconniers. Storm, Hulk et Wolverine doivent finalement faire face aux Dieux du Nord Canadien empoisonnés par la pollution.

Puisque les héros ont échoué à protéger à la planète, ils projettent de faire appel à des champions plus radicaux comme Magneto ou Dr Doom. Vision amusante lorsqu’on sait qu’ils ont en face d’eux le défenseur de l’environnement en face d’eux dont les méthodes ont souvent été proches des vilains cités.

Pour finir, c’est encore et toujours la pollution de la surface qui est centre des motivations de Namor dans le DA des Fantastic Four en 1994.

Et pendant ce temps Namorita …

Loin de se cantonner aux pages de son cousin, Namorita trouvé sa place chez les New Warriors. Souvent impliquée dans la protection de l’environnement, elle rechigne néanmoins à suivre le groupe d’activistes « Project Earth » et leur bras armé : Forces of Nature composé d’anciens vilains reconvertis.

Elle est choisie pour un comics promotionnel financé par le Metro-Dade (depuis Miami-Dade) Police Department et Arise Foundation. L’histoire un peu fourre-tout englobe des thèmes écologistes et de lutte contre la drogue.

Elle passe par une transformation en Atlante bleue due à son statut instable de clone. A la dissolution des New Warriors, elle continue à maintenir sa présence, retrouve sa couleur originale, sort avec Johnny Storm et rejoint brièvement les Fantastic Four. Mais Namorita disparait lentement et sa mort dans Civil War #1 par Nitro n’a toujours pas donné lieu à un retour.

Un retour d’autant moins évident que sa « mère » Namora est de retour depuis 2006 et plus récemment dans le Marvel Cinematic Universe. On remarque néanmoins sa réapparition dans la dernière série du Sub-Mariner située dans le futur « Conquered Shores » en 2022.

Fin de partie

La fin des 90’s est bien moins faste pour le Prince d’Atlantis. Il fait partie des héros transportés dans l’univers « Heroes Reborn » suite à l’event Onslaught. Sans surprise ou originalité, la ritournelle de la pollution humaine est encore présente. (alors que dans sa version Ultimate, Namor n’est pas un Prince mais un criminel atlante sans lien avec l’écologie)

Namor The Sub-Mariner – Fantastic Four v2 #3

Le retour de Namor est assez chaotique et le laisse dans des états de rage incontrôlable qui ne seront pas vraiment expliqués et disparaitront assez vite (Marvel Team-Up v2 #7-9). Même le Dr Strange ne parvient pas vraiment à les régler. Glenn Herdling en profite pour réinstaller Namor comme suzerain d’Atlantis après avoir destitué un prétendant au trône qui polluait les fonds marins en produisant des composants pharmaceutiques pour la surface.

La pollution elle n’est plus vraiment une menace en soi puisqu’elle à tendance à doter certains Atlantes de pouvoirs. Des atlantes mutants apparraissent posant les fondations d’une passerelle entre l’univers de Namor et celui des X-Men.

Moins en lumière, il trouve sa place dans Heroes for Hire qui regroupe différents personnages secondaires proches comme Iron-Fist ou Jim « Human Torch » Hammond. L’équipe est financée et hébergée par Oracle Inc dont ce sera la dernière apparition.

Mais si Namor apparait moins c’est également à cause de la situation financière de Marvel qui a abouti à la banqueroute et au rachat par Disney. Les annulations se multiplient et le nombre de titres se réduit dès 1996.

A 2000 à l’heure

Sans série attitrée, Namor redevient un personnage néanmoins important dans les intrigues d’un Marvel en pleine expansion. Mis à toutes les sauces, il y perdra malheureusement un peu de stabilité.

On nous sert d’abord un retour très réussi des Defenders mandatés par Gaïa pour défendre la planète. Sorte de pastiche light de Captain Planet, c’est l’occasion de voir les quatre defenders originaux contres toutes les super-équipes pour avoir stopper l’activité de stations offshore et centrales nucléaires. Après les Defenders, Namor rempile dans une nouvelle mouture des Invaders.

Le héros profite d’une nouvelle série régulière de qualité qui se penche sur son enfance, son adolescence et sa première histoire d’amour avec une jeune fille de la surface. Toutefois son père exploite une station pétrolière off-shore qui évidemment pollue les eaux et dont le pétrole engloutira la cité des atlantes. Si elle n’est pas sans poser de problèmes de continuité, le récit est très réussi et brosse un portrait de la civilisation atlante proche du film Wakanda Forever.

Il est aussi question de souveraineté et de géopolitique lorsque Namor, Dr Doom et Magneto (alors leader de la nation mutante de Genosha) doivent se positionner dans le conflit entre le Wakanda et les deviants de Lémuria.

Un jeu de pouvoir qui se poursuit avec les évènements de Civil War. La découverte de cellules atlantes infiltrées à la surface place Atlantis dans le collimateur des héros « enregistrés ». La réponse de Namor est radicale : faire exploser Atlantis et disperser sa population à la surface. Désormais tous les atlantes sont des cellules dormantes. Une innovation qui ne durera pas.

Son rôle connait une montée en puissance en intégrant le groupe secret des Illuminati parmi les grands représentants du monde Marvel dont Black Panther. Rétroactivement, on découvre qu’ils sont à l’origine de décisions majeures qui ont influé sur les événements importants des dernières décennies.

Puis, il devient également membre de la Cabale (version maléfique des Illuminati) qui l’amène à intégrer les Dark X-Men avec Emma Frost. Enfin sur l’invitation de Magneto, il intègre l’ile Utopia avec les Atlantes et les Mutants. Le parallèle entre Magneto et Namor n’aura jamais été aussi concret, le mutant magnétique étant devenu leader d’une nation mutante depuis plusieurs années.

Namor devient un X-Man à part entière. Ce qui fait de Namor l’un des seuls personnages à avoir fait partie des plus grandes équipes : Invaders, Defenders, Avengers, Fantastic, X-Men et Illuminati.

Avec cette nouvelle bannière « X », Marvel relance une série « Namor the First Mutant » dans une ambiance horrifico-fantastique qui ne connait que 12 numéros.

Namor venge un massacre de dauphins similaire à celui des Iles Feroé – Defenders v3 #1

Malgré une importance grandissante dans le débat public, l’écologie n’est plus un ressort des aventures du Prince des Mers. Pitch trop usé depuis 30 ans, on ne la retrouve plus guère que dans les pages du strip old school de Spider-Man par Stan Lee.

Cerise cosmique sur le gâteau, il partage la Phoenix Force avec Cyclops, Magik, Colossus et Emma Frost. Un pouvoir qui lui permet d’éradiquer famine, guerre et pollution. Mais également de déclencher un tsunami sur le Wakanda dans un affrontement avec les Avengers.

En représailles, T’Challa détruit Atlantis. Pour se venger, Namor envoie Thanos pour détruire de nouveau le Wakanda en lui indiquant (à tort) qu’une pierre de l’infinie est détenue par Black Panther. Ce dernier tentera de tuer Namor dans Avengers v4 #40.

L’escale de vengeance s’arrêtera là avec les évenements de Secret Wars qui feront table rase des destructions des deux pays.

Pour autant, Namor ne s’assagit pas. Quand la Roxxon une fois de plus tue des atlantes qui défendaient des cétacés d’un baleinier, il décide d’interdire son royaume à tous les habitants de la surface.

Il tue presque son ami Stingray de sang-froid et élimine tous les scientifiques d’Hydropolis et se débarrasse de la cité sous-marine. (Avengers (2018) #8-9). Il remet les agents de la Roxxon à contrecoeur aux Avengers. Ils mourront noyés dans leur prison par un curieux geyser d’eau venant des toilettes.

L’histoire marque le 700ème épisode des Avengers et frappe les esprits tant Namor n’avait jamais fait preuve d’autant de rage et sauvagerie envers des innocents. En effet, il émerge Hydropolis, son symbole de l’union des Atlantes et des humains, en manquant de peu de tuer les scientifiques présents.

Prévue ou non, la nouvelle série Invaders apportera la réponse à cette folie dans une saga à la « Secret Empire ».

Traumatisé par la perte d’un frère de guerre, Tony Machan, que Namor n’a pas pu sauver durant la WWII, il reste coupable de ce manquement. Peu après avoir affronté Destiny, Namor amnésique trouve refuge dans la famille de Randall Peterson un membre honorifique des Invaders.

Il devient proche de son petit-fils nommé Roman en son honneur. Durant cette période, il est repéré par le Professeur Xavier qui cherche à l’enrôler dans sa quête. (soit avant leur première rencontre dans X-Men #6). Mais il constate que Namor est torturé par ce trouble post-traumatique. Pour l’aider à guérir, il implante une personnalité proche de Machan dans le subconscient de Namor pour opérer une thérapie en arrière-plan. Mais cette création mentale se mélange à l’esprit de la couronne du serpent que Destine a utilisé contre Namor.

Durant des décennies, sous la forme d’un conseiller invisible, Machan a pris ainsi l’ascendant sur Namor. Durant sa période Oracle, il a installé des cellules atlantes dormantes pour prendre le controle des armées et créer un agent biologique capable de transformer les hommes en atlantes. Le but ultime étant de prendre possession du corps de Roman et de récupérer la couronne du serpent.

Assez tarabiscotée (et encore je vous ai épargné les détails), l’histoire a pour but de dédouaner encore une fois Namor de ses exactions et d’expliquer ses excès de colère comme Byrne l’avait fait avec son déséquilibre sanguin.

En regardant dans le retroviseur, on ne compte plus les fois où Namor s’est fait manipulé mentalement (Puppet Master, Destiny, Emma Frost, Dr Doom avec les pouvoirs du Purple Man, Master Khan…), a connu des phases d’amnésie et des crises de folie. Cette explication peut effectivement donner un sens au parcours erratique du Sub-Mariner.

Et dans la mesure où on estime la population des Atlantes à 9000 individus sur un royaume équivalent à l’Afrique, assurer la protection d’un peuple mi-dévoué mi-rebel est une charge mentale supplémentaire non négligable.

Reste à savoir si les scénaristes sauront ne pas oublier que Namor maintenant guéri de ces crises de rage meurtrière.

Namor du MCU : une version fidèle ?

Bien que conservant son ethos, la version MCU de Namor apparue dans « Black Panther : Wakanda Forever » s’éloigne de son homologue papier. En effet, le film Aquaman avait déja proposé un univers proche de celle du Sub-Mariner (Atlantis, un peuple sous-marin établi, une citée futuriste, …). En outre celà permet d’incorporer de la diversité sans renier les origines de 1939. Faire des Sub-Mariners des descendants des mésoaméricains renforce la critique anti-coloniale initiale et légitime la haine que Namor peut avoir envers la surface. On peut toutefois s’interroger sur le choix de baser la puissance des Kukulkan sur le vibranium, opérant un copier/coller avec le developpement du Wakanda.

Le rôle de monarque de Namor a pris le pas sur le défenseur des océans. Le film prend pleinement cet axe narratif en faisant du royaume un clone du Wakanda par son histoire, ses ressources et le pouvoir de son suzerain. L’avenir dira si le Namor du MCU et le Kukulkan réservent des surprises sur leur civilisation et si la défense de leur environnement deviendra également un cheval de bataille de leur hégémonie maritime.

On peut néanmoins regretter que Marvel n’ait pas plutot opter pour un peuple de l’Arctique comme les Inuits. Vu les problématiques de réchauffement climatique et d’exploitation de gaz et de pétrole, Namor aurait fait un excellent ambassadeur muslé des pôles tout en respectant l’histoire de Bill Everett. Mais le marché sud-américain est bien plus porteur pour les salles.

Mais le gros loupé est de ne pas voir le nom d’Everett associé à la création du personnage au générique de fin comme c’est le cas pour Kirby sur Black Panther par exemple.

Prochaine vague

Pour le moment, Marvel botte en touche l’avenir proche du Sub-Mariner. Dans la série en cours, Namor : Conquered Shores, Christopher Cantwell nous transporte un siècle plus tard où, ironie du sort, le réchauffement climatique issu de la pollution humaine a fait fondre les pôles, engloutissant les continents. Dans ce Waterworld version Marvel, Namor est le Roi d’Atlantis et de facto du monde entier.

Ces 20 dernières années, l’écologie n’est plus vraiment le moteur des récits de Namor The Sub-Mariner. Une coupure d’autant plus regrettable que les sujets ne manquent pas et qu’aucun héros n’a repris le rôle de Super-écolo chez Marvel.

La catatrosphe de Fukushima, les continents plastiques, la surpêche, le réchauffement climatique, la fonte des pôles, la pollution sonore des océans par les éoliennes et autres stations offshores, la disparition lente des mammifères marins … aucune de ces menaces n’a fait l’objet d’une histoire importante avec Namor en deux décennies. La pollution est toujours évoquée mais elle fait maintenant partie du folklore du personnage, un déclencheur sans réelle consistance comme un mot que l’on aurait vidé de son sens à force de le répéter. Le travers n’est pas propre au Sub-Mariner ni même à Marvel. C’est une tendance générale dans les comics de super-hero mainstream.

Il est évident que les héros Marvel et DC, ancrés dans le réel, sont condamnés à des rôles curatifs plus que préventifs sous peine de disparaitre une fois les dangers définitivement éliminés. Mais les comics semblent avoir perdu leur « mission » d’éducation ou de sensibilisation du lectorat sur ces problématiques. Parler écologie passe sans doute comme moralisateur, convenu ou trop naïf. Ou à l’inverse dans un monde saccagé, évoquer encore les atteintes à l’environnement est-il trop terre à terre, anxiogène ou une sorte d’aveu d’échec.

Maintenant débarrassé de ces colères incontrolables et remis sur le devant de la scène, Namor retrouvera-t-il une véritable inspiration écologique ?

Sim Theury

Sources :

Bill Everett, the Sub-Mariner and the Birth of Marvel Comics – Blake Bell – 2010

Pays émergents et nouvel équilibre des forces – Inès Trépant – 2008

Whatever happened to the 2006 Namor Movie

Did Namor Lose Out on a 1970s TV Series Because of Man From Atlantis

7 réflexions sur “EcoloGeek#69-2 – Namor The Sub-Mariner

  1. Salut très bel article, merveilleusement bien référencé.
    Tu redonnes ses lettres de noblesses au prince des Mers qui était l’un des noble ennemi.
    Je n’étais pas fan du personnage mais j’aimais bien les récits le mettant en scène.
    Ton travail de recherches et la chronologie de tes publications est impressionnante et magnifique !

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  2. Incroyable travail, Bravo « Sim ».

    Il y a beaucoup à dire aussi sur la représentation sous-marine, sa diversité, la complexité de ses écosystèmes, attendu qu’on ne protège que ce qu’on comprend et ce qu’on appréhende. Certes, tu l’as richement démontré, le propos écologique des récits autour de Namor est largement évoqué et traité… mais je reproche un manque de finesse dans sa connaissance (acidité des océans, raréfactions de certaines espèces, surpêche, massacre des requins, algues vertes, sargasses, plastique « 6ème contient », afflux d’eau douce en fond (car plus lourde !) qui ralentit les courants, etc.).

    Je fais le même reproche à la représentation de la nature en général (Le Savage Land de Ka-Zar est pourtant une occasion unique de nous plonger dans cette complexité d’un biotope – aussi improbable soit-il !

    Encore mille bravos ! Ton travail mériterait d’être édité et redonnerait ses lettres de noblesse au mot « Geek ».

    Fox-Boy

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    1. Je ne peux que te rejoindre sur la superficialité avec laquelle est traitée la problématique écologique depuis plusieurs années alors que l’urgence irl n’a jamais été aussi pressante. C’est l’esprit de ma conclusion sur ce billet.
      Je ne sais pas si j’atteindrai l’édition un jour, mais je commence à envisager de donner un schéma plus large et cohérent à ce que j’ai écrit depuis quelques années. On verra bien.
      En tout cas, je te remercie grandement de ton retour, ça me touche beaucoup car j’ai souvent l’impression d’écrire tout ça pour personne.

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